Ophtalmologistes : comment réduire les délais d’attente à 15 jours ?
L’ophtalmologie est l’une des spécialités pour laquelle les files d’attente sont les plus longues. À l’heure actuelle il faut compter en moyenne 10 mois pour obtenir une simple visite de contrôle chez son ophtalmologue.. Face à ce constat, les professionnels ont alors réfléchi à un moyen de réduire ce temps d‘attente. Et si la solution était de faire appel aux orthoptistes ?
Pénurie d’ophtalmologiste
Les ophtalmologues se font de plus en plus rares (en moyenne, 300 en moins par an). Une pénurie qui se fait fortement ressentir sur les listes d’attente.. Les délais se rallongent d’année en année et environ 15% des ophtalmologues ne peuvent plus accepter de nouveaux patients.
En 2011, La Commission Démographique et Santé publique du Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF) avait déjà tiré la sonnette d’alarme au sein d’un rapport dans lequel il était expliqué que la disparation des ophtalmologues était dû à :
- La limite des places disponibles en stage hospitalier universitaire
- L’exigence croissante de la population vis-à-vis de sa vision
- L’augmentation de la pathologie oculaire liée au vieillissement
- La réduction du nombre de postes d’internes en ophtalmologie au profit d’autres spécialités
Une situation préoccupante qui pose la question de l’accès au soin.
Les orthoptistes à la rescousse
Pour remédier à ce problème, le SNOF a décidé de s’attaquer au manque d’effectif des ophtalmologues en ayant recours aux orthoptistes. La solution pour éviter un temps d’attente interminable est simple, il s’agit de déléguer le travail.
Le patient qui souhaite simplement renouveler son ordonnance de lentilles de contact ou de lunettes n’est plus examiné par un ophtalmologue surchargé mais par un orthoptiste formé. Interrogatoire, mesure de l’acuité visuelle, tension oculaire, bilan orthoptique et même photo des rétines, l’orthoptiste s’occupe de faire passer tous les tests nécessaires. Une fois l’examen terminé, le dossier du patient est transmis à l’ophtalmologue qui se charge de l’analyse et de la prescription. En somme, le dernier mot revient toujours au médecin.
Ce type de coopération et de mutualisation du travail entre les orthoptistes et les ophtalmologues a été testé en Pays de la Loire. Une des régions les plus touchées par la pénurie. Les résultats sont bluffant puisque les délais d’attente ont été réduits à une quinzaine de jours. Environ 1000 patients ont pu tester ce nouveau fonctionnement et cela a permis de désengorger les cabinets d’environ 20 à 25% de leur patient. 95% des 1000 patients ayant participé à cette expérimentation sont satisfaits et pour couronner le tout, la consultation dans le cadre du test s’élevait à 23€, contre 28€ pour une consultation ophtalmologiste classique.
Vers la généralisation de la coopération Orthoptistes / Ophtalmologues
Suite à la réussite du test, Marisol Touraine, ex-ministre de la santé a annoncé en 2015 qu’elle souhaitait étendre le modèle.
Il ne manque plus que la validation de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour pouvoir mettre en place ce principe de coopération dans d’autres régions de France. Nombreuses sont celles qui ont déjà exprimé leur intérêt (Midi-Pyrenées, Alsace, Lorraine..)
À l’heure actuelle, seul 20% des ophtalmologues se font déjà aidé d’un orthoptiste car cela nécessite l’embauche d’une personne en plus. un luxe que tous les médecins ne peuvent pas se payer.
Sources : Les besoins en ophtalmologistes d’ici 2030. Commission démographie et Santé publique du SNOF. Dr Thierry Bour. Mars 2011.
Sondage mené par l’IFOP du 18 au 25 Septembre 2014 sur un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.